cyprianolaw

MondoSenghoriens : allez hop! On se fait la passe à 9!

Près d’un an maintenant que je suis à Alexandrie, la perle de la Méditerranée. Près d’un an déjà que, sur mon blog, je vous présentais la rencontre fortuite de cinq jeunes francophones, amoureux de la plume, à l’Université Senghor. Cinq jeunes passionnés par la langue française, qui, par un heureux concours de circonstances, se sont retrouvés dans cette mythique ville du savoir, afin d’y suivre un cursus de Master en Développement. A eux cinq, ils formaient les MondoSenghoriens.

Parmi eux, deux avaient été sélectionnés pour participer à la formation Mondoblog à Dakar en Décembre 2015. De retour de cette formation, ils ont voulu partager leur passion. Ils ont alors organisé à leurs collègues, une formation sur la création et la gestion d’un blog. Deux mois durant, chaque vendredi, pendant 2 heures de temps, ils ont formé une trentaine de participants au blogging. C’était sans penser un seul instant, que quatre de ces apprentis-blogueurs allaient être recrutés dans la saison 5 de Mondoblog! MondoSenghoriens, c’est la passe à 9! La team s’agrandit. Lumière!

Tout droit venu de Babi, lui c’est Jacques Alla Kiroua, Jallaski pour les intimes. Tel un soldat, il martèle la toile de ses Empreintes, du nom éponyme de son blog. Ingénieur des Eaux et Forêts dans son pays la Côte d’Ivoire, il est pensionnaire au département Environnement ici à l’USenghor. Véritable touche à tout, il entrera dans le monde du blogging au cours d »une expérience palpitante d’écriture web avec www.avenue225.com, comme il l’affirme lui même sur son blog. Dans ses appartements sur Mondoblog, ne soyez pas étonnés de le voir attirer votre regard sur l’environnement. Son Leitmotiv: « Faisons l’effort de ne laisser que des empreintes positives et constructives pour assurer aux générations futures une planète viable« .

Une autre mondosenghorienne qui ne vit et ne respire que d’environnement, c’est Martine Ndo, Moidemoiselle Sourire par excellence. Jeune Camerounaise de 24 ans, elle est passionnée par tout ce qui a trait à la gestion de l’environnement, à la gestion des déchets solides ménagers en particulier. Son blog, c’est Neyame_World. Dans ses quartiers, elle jette un regard critique sur son environnement, avec une plume parfois humoristique. Environnement, Famille, Société, Voyage, Découverte, tout y passe. Vous ne serez jamais déçu après un tour dans son univers, car elle a tant à raconter.

Ses pensées me rappellent un autre mondoblogueur qui vit aux USA. Même manière de concevoir l’Afrique, lui c’est le panafricaniste de Senghor. Il se nomme Elongué Christian Ngnaoussi. Son blog, l’Afropolitain, c’est la preuve palpable d’un engagement aussi fort que celui des pères des indépendances. Un style verbial fort et un ton sec transparaissent dans ses écrits. Second Camerounais de la troupe, son très jeune âge contraste énormément avec ses connaissances. C’est sans doute pour rappeler qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attendait point le nombre des années. Sa philosophie, Rêver, Oser, Bosser. Un tour sur son blog, et vous m’en direz des nouvelles.

Nicolas-Etienne Sohou est le quatrième et la dernière figure de ce groupe. Cinéaste, producteur de court-métrage, son blog, est un billet aller simple pour l’univers du multimédia. Tutoriels, conseils, actualités sur les bonnes pratiques en matière d’image et de musique, telles sont les thématiques qu’il aborde sur son espace. Si vous êtes passionnés par la Culture (africaine), le Blog de Nicolas-Etienne devra être votre compagnon. Ici à l’université, ‘Maestro’ est son surnom, car en 2015 il a présidé le Comité d’organisation des manifestations entrant dans le cadre de la commémoration du 25ème anniversaire de l’institution.

Avec eux 4, c’est l’équipe des MondoSenghoriens qui s’agrandit.Peut-être que dans les années à venir, d’autres mondoblogueurs viendront séjourner à Alexandrie, qui sait ? Ils pourront y défendre les couleurs de Mondoblog. Inchallah! comme on le dit ici.


Paris-Cologne-Rome: pour l’amour du patrimoine culturel!

En tant que futur administrateur du Patrimoine Culturel, je ne pouvais laisser cette occasion d’aller à la rencontre du patrimoine européen. 4 jours durant, sac au dos, j’ai sillonné l’Europe sur 2 pays qui m’ont toujours passionné du fait de leur singularité, de leurs particularités. Avec un accent sur le patrimoine religieux, encore quasi inconnu dans nos pays africains, mais qui sous d’autres cieux ne fait qu’attirer des centaines de milliers de touristes comme moi.

Crédit Photo: Jean-Paul C. Lawson
Crédit Photo: Jean-Paul C. Lawson

Première étape de ce périple : Cologne. Ville allemande bordée par le Rhin, son plus grand vestige patrimonial reste sa cathédrale. « Ce chef d’œuvre d’architecture gothique dont la construction a débuté en 1248 et achevée en 1880, est un témoignage inéluctable de la persistance de la foi chrétienne en Europe », dixit le guide qui nous faisait la visite. Inscrit à juste titre sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1996, son retrait de la liste du patrimoine en péril en 2006 témoigne de l’importance de ce lieu dans l’histoire de la chrétienté en Allemagne. Ce qui m’a le plus marqué à l’intérieur de cette bâtisse, ce sont les tombeaux des anciens archevêques qui ont dirigé l’institution. De plus, la centaine d’œuvres qui ornent les murs de l’édifice ne m’ont pas laissé indifférent. Pour finir, comme dans la plupart des lieux culturels, on assiste à de nouvelles manières de financer l’entretien, la restauration, et  la sauvegarde du patrimoine. Certains l’appelleraient de l’aumône, moi je dirai plutôt que c’est du participatif volontariste (ne nous parle-t-on pas souvent de financements innovants!?).

Après ce tour de la cathédrale, donc, un petit saut rapide au Musée Ludwig m’a permis de constater que malgré des moyens limités, les responsables du musée ont su l’aménager pour lui donner un aspect unique, en tout cas par rapport aux différents musées que j’ai visités en France. S’il est vrai que je n’ai pas pu visiter l’orchestre philharmonique et faire une balade en bâteau-mouche sur le Rhin, il n’en demeure pas moins que j’ai quand même traîné mes pas dans la plus grande rue marchande d’Allemagne. C’est avec un petit sentiment d’insatisfaction que j’ai sauté dans le premier train qui allait me conduire à l’aéroport de Köln/Bonn pour récupérer mon vol vers Rome, la ville éternelle.

Crédit Photo: Jean-Paul C. Lawson
Crédit Photo: Jean-Paul C. Lawson

Rome: une ville pas comme les autres. Je comprends maintenant pourquoi on la surnomme « ville éternelle« . En matière de patrimoine, rien à envier à Paris (où j’ai séjourné ces 3 derniers mois) ou encore au Caire (avec ses pyramides grandioses). Entre la célèbre Fontaine de Trevi où j’ai fait le vœu de revenir en y jetant une pièce, et l’amphithéâtre flavien où j’ai pu arpenter l’un des fameux couloirs par lesquels descendaient les gladiateurs, rien n’aurait pu franchement m’empêcher de savourer cette petite escapade sur la terre de César. Une fois ces deux sites effectués, direction le Panthéon, qui ma foi, est assez différent du Panthéon de la place de la Sorbonne à Paris. Même s’il est vrai que cette merveille architecturale est plus petite que celle de la France, il n’en demeure pas moins qu’elle véhicule la même philosophie, qui est la reconnaissance de la patrie à ses grands Hommes. J’y ai notamment pu admirer la sépulture érigée en l’honneur de Vitorrio Emmanuele, le père fondateur de la nation italienne.

Je le disais tantôt plus haut, j’avais placé mon périple sous le signe de la découverte du patrimoine religieux. Et qui dit Rome, dit Vatican. En effet, sur les 2 jours passés dans la capitale italienne, j’ai consacré une matinée spéciale pour la visite du Saint Siège. Même si je n’ai pas pu rencontrer le souverain pontife (pas faute d’avoir essayé) ou de ne pas avoir pu me rendre dans la crypte où repose Saint Jean-Paul II, je me suis délecté du spectacle qu’offrait la Basilique et la Place Saint Pierre de Rome. A l’intérieur de l’édifice, ce sont les milliers d’œuvres d’artistes, dont La Pietà de Michel-Ange qui ne laissent indifférent, tandis qu’à l’extérieur, les statues des saints ornent le toit des bâtiments qui entourent la place, offrant une harmonie à nulle autre pareil. Ici aussi, j’ai constaté les énormes efforts qui sont fait en matière de sécurisation, de promotion et de valorisation de ce site touristique et patrimonial. Après une petite prière à l’intention de ceux qui me sont chers, j’ai clos ma visite en faisant comme tout bon touriste : quelques photos pour immortaliser le moment et des souvenirs qui orneront d’ici là, ma résidence au pays. J’ai toujours rêvé de visiter le Vatican, et sans mentir, j’ai adoré ce que j’ai vu. Qui sait, j’y reviendrai sûrement dans quelques années, mais cette fois, ce sera pour célébrer un ou des événements… Inchallah!!!


Ô liberté, quel crime commet-on en ton nom!?

Déjà cinq semaines que je traîne mes pas dans Paris. Paris, la ville Lumière ! Paris, la ville des amoureux ! S’il est vrai que c’est l’une des destinations les plus prisées au monde pour sa beauté, il n’en demeure pas moins qu’elle est emprisonnée par ses habitants. Au nom de la liberté!

Le problème de la France, c’est les Français !

Ils sont là. Vous les verrez, toujours mécontents et râleurs. Lundi dernier, je revenais d’une visite chez un ami dans la banlieue sud de la ville. J’avais un peu de temps libre et, donc j’ai décidé de prendre le RER, en lieu et place du métro. A quatre arrêts du terminus normal, le conducteur nous informe que le prochain arrêt serait le dernier, et ce sans explications. Les autres usagers, surpris, ont alors commencé à se regarder et à rouspéter voulant connaître les raisons de cet arrêt brutal, alors que le speaker annonçait la prochaine rame pour cinq minutes après. Tout l’arrêt durant, il fallait avoir de la patience pour supporter tout le long du quai les mécontentements de ces frenchies. Un instant, j’ai cherché à comprendre pourquoi les français aiment autant se plaindre pour des choses qui franchement n’en valent pas grand-chose. Puis, je me suis souvenu que je venais d’un coin où, les usagers de la route faisaient  comme bon leur semblaient sur les axes routiers. Ici, le temps est presque aussi cher que la vie. Une seconde de perdu ne se rattrape jamais.

Le problème de la France, c’est la liberté !

Le soir même, une fois rentré, aux infos, j’ai compris que c’était la grève qui secouait le pays qui avait eu raison de mon train. Après la crise de l’essence aux stations à la mi-mai, c’est le tour des chemins de fer où ce n’est qu’un train sur 4 qui fonctionne. Ici, le mécontentement est presque à son paroxysme. Les mouvements sociaux s’amplifient de jour en jour et franchement, le plaisir qui se lisait sur le visage de nombreux touristes laisse peu à peu place à un goût amer. A l’heure où le pays s’apprête à accueillir la grande messe du football européen, le pays est sous perfusion. A cause de certains points qui ne leur conviennent pas dans la loi El Khomri, les centrales syndicales (la CGT en tête) ne cessent de reconduire les mouvements de grèves, causant d’énormes problèmes aux usagers des transports. Mais, le véritable problème à la base de tout cela, c’est cette liberté au nom de laquelle les français organisent des soulèvements populaires, journées debout, des manifestations pour se plaindre des agissements du gouvernement, et je ne sais quoi d’autres… C’est vrai que Marianne s’était battue au nom de cette liberté, mais es-ce réellement son héritage qui est sauvegardé aujourd’hui ? Es ce ses idéaux qui prévalent encore dans le cœur des français ? J’en doute fort. Je me demande s’il ne leur faut pas une petite démocratie dictatoriale, car s’il y a une chose que j’ai compris dans la vie : l’abus de toute chose nuit. Et sur ce point, je suis formel : « Trop de liberté, tue la liberté ! ».


Promotion des arts et cultures d’Afrique en France : le Musée du Quai-Branly, cette mine !

Une architecture futuriste sortie tout droit du critérium de Jean Nouvel ; un joyau à nul autre pareil non loin du Champs-de-Mars, de la grisaille d’Eiffel et de la Seine. « Terre d’accueil pour les arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques », ainsi définira-t-on cette bâtisse, qui cette année, célébrera sa première décennie d’existence. 10 ans déjà qu’à travers sa devise : « Là où dialoguent les cultures », le Musée du Quai Branly contribue largement à la valorisation et promotion du patrimoine artistique et culturel africain.

Le Quai-Branly, une histoire unique !

Si aux Etats-Unis, c’est aux faits et institutions politiques, que sont associés le nom des Présidents, en France, c’est plutôt à la Culture, à leur empreinte dans ce secteur. J’avais même appris par un ami il y a quelques jours ici à Paris, qu’un ancien président américain, fort taquin, demandait aux français de laisser la politique et de se consacrer à la culture, puisque c’était dans cela qu’ils excellaient. L’histoire retiendra le nom de Jacques Chirac, alors Président de la République Française, qui en 1995, décida de constituer une commission de réflexion sur la place des arts primitifs dans les institutions muséales françaises (Commission Jacques Friedman). Les résultats de leurs travaux ont conduit le Président Chirac à créer en Décembre 1998, le Musée du Quai Branly, un établissement public national à caractère administratif. Dès lors, le train fut mis en marche. Lancement du concours international de maîtrise d’œuvre et sélection du cabinet d’études, ouverture du pavillon des Sessions au musée du Louvre, dépôt et obtention du permis de construire du bâtiment sur le site du quai Branly, construction et réception des locaux, Installation et aménagement des collections et programmes multimédias. Rien n’était laissé au hasard. Puis, vint le fameux jour du Vendredi 23 Juin 2006, où malgré une prévision de plusieurs vagues orageuses sur la capitale française, le musée a ouvert ses portes au public parisien, français et international.

Des chiffres qui ne mentent pas !

10 ans, c’est peu, me diriez-vous ! Mais, je vous répondrai qu’en disant, le MQB a battu des records. D’abord, il faut remarquer un fait qui permet de différencier la France de beaucoup d’autres pays : c’est cet amour inconditionnel pour la culture, la leur, mais aussi celle des autres. Ici, c’est comme si c’était imprimé dans leur ADN. Aller au Musée, c’est comme aller faire des courses à la supérette du coin, ou encore aller suivre un match de foot au stage. En 10 ans, c’est plus de 15 millions de visiteurs accueillis depuis l’ouverture du musée, des centaines d’expositions, rencontres artistiques et culturelles, des colloques internationaux organisés et un site internet dont la consultation est toujours en hausse au fil des années.

Des événements clés pour 2016 !

Cette année, au-delà des cérémonies du 10ème anniversaire du musée, ce sont les expositions Persona et Matahoata, qui marqueront les esprits des curieux. Entre les programmations de la salle de cinéma, des spectacles à couper le souffle et des concerts à faire vibrer vos tympans, les responsables du musée n’hésiteront pas un seul instant de faire graver cette année 2016 en lettre d’or dans l’histoire de l’institution. Enfin, il y a l’incontournable Nuit européenne des Musées #NDM2016 qui promet d’être intéressante.

Un regard particulier pour l’Afrique !

Je suis formel. Aucun musée européen ni africain ne possède autant de pièces  venue du Continent et réuni en un seul lieu que le Quai Branly. Une autre amie me disait la dernière fois qu’elle se demandait, être tombée des nues, après avoir vu certaines statues originaires de chez elle, mais qui n’existaient plus dans son pays. Des fois, même, c’est à se demander comment les Etats Africains, ont rendu la chose possible (ça c’est en tout cas, un autre débat). Ce qui est sûr, au Quai Branly, rien n’est fait dans la dentelle pour valoriser ces collections africaines. C’est comme elle me l’a fait remarquer par la suite en disant : « Si personne ne veut les mettre en valeur chez nous, pourquoi devrait-on l’interdire ceux qui veulent le faire ? ». En tout cas, on ne peut qu’être ravi que le patrimoine africain soit autant mis aux devant de la scène par le musée.

De toute façon, il y a une chose dont je suis sûr. Pour ce 10ème anniversaire, je n’attendrai pas d’invitation pour y aller. D’ailleurs même, j’ai déjà marqué cela dans mon agenda, et j’espère que vous me rejoindrez pour vivre des moments de pur bonheur… En attendant d’y être, Joyeux Anniversaire !!!

Musée du quai Branly


Elle et moi, une fois, la première !

Celui qui a dit un jour que « le cœur a ses raisons que la raison ignore », n’avait pas tort. C’est comme s’il avait prédit, des siècles auparavant, que ceci allait arriver, que dis-je, nous arriver. Avec elle, pas besoin de mots comme avec les autres. Un regard ou un sourire suffisait largement.

Je l’ai rencontré au détour d’une rue. Rue Mouffetard. Assis à la terrasse d’un pub, en train de ressasser de vieilles anecdotes de nos années collèges avec quelques amis. Elle était simple. Son teint chocolat d’Afrique, à l’allure de Nutella soigneusement conservée. Sa démarche, celle d’un guépard avant la course et le saut sur sa proie, montrait en elle, son pouvoir de grande dame… J’ai pris un moment, essayé de me souvenir. J’ai cherché d’où je pouvais la connaître. J’ai longtemps cherché dans ma tête, sans rien trouver. J’ai eu un instant de doute et de vertige, comme si le temps s’écoulait plus vite. Mon cœur battait sans cesse, et mon corps refusait de bouger. Je me rappelai seulement que Paris, ce n’était pas comme dans ce coin perdu d’Alexandrie, où le simple fait d’accoster une femme dans la rue, pouvait te valoir avec un aller simple vers Saint Léonard. Ici, c’est la liberté, l’essence même de la vie sociale. Qu’avais-je à perdre si elle refusait de me parler ? Rien. J’hésitai encore un instant… Puis, me levai. A quelques mètres d’elle, je sentis son parfum. Une fragrance qui pourrait amener toute personne à faire comme Jean-Baptiste Grenouille, mais au mieux, à l’aimer d’un amour fort, intense. Tête plongée dans son smartphone comme la plupart des jeunes parisiennes, elle faisait mine grise, comme si elle venait d’apprendre que son rdv ne viendrait plus…

Une fois à sa hauteur, je l’abordai, enfin.
–    Souris, dis-je ! Elle leva ses yeux et me regarda d’un air étonné. Cela fera ressortir ta beauté et effacera cette mauvaise mine !, terminai-je. C’est à ce moment-là que je l’observai vraiment, de plus près… Elle était belle, comme ma mère… Chevelure naturelle et longue, elle portait à merveille une robe, sobre, mais faisait quand même transparaître, des formes, digne d’une Africaine, fière de ses origines. Un mélange qui prouve, qu’on n’a pas n’a pas besoin d’avoir recours aux surcharges et aux ornements inutiles pour s’embellir.
–    On se connaît ? me demanda-t-elle, sourire aux lèvres.
–    Euh, oui ! Dans une vie antérieure, et j’espère que dans celle-ci aussi.
–    Et qu’est-ce qui vous dit que j’aimerais faire votre connaissance ? répliqua-t’elle.
–    Parce que je sais que ça te fera plaisir de m’avoir rencontré, et tu n’aurais pas gâché ta soirée, dis-je…
Et ce fameux sourire qui apparut sur son visage, ses doigts passés dans ses cheveux pour les ramener derrière son oreille, signe que je commençais à gagner la partie…

A chaque mot, qui sortait de sa bouche, je me délectais. Ainsi, pendant une bonne trentaine de minutes, nous discutâmes, rigolâmes comme de vieux potes qui s’étaient retrouvés. Sans même se connaître, nos histoires étaient semblables, nos points de vue se rejoignaient, se recoupaient. Nous partagions pratiquement la même manière de voir le monde. Pour la première fois, depuis longtemps, je me sentis bien avec une meuf. Juste en discutant avec elle, je me sentais compris. Oui, je me sentais heureux ! Comme quoi, dans la vie, le bonheur ne tient qu’à de simples choses. Un verre, un voyage, une rencontre… Rien de plus, rien de moins.
Je vous le jure, il faut la rencontrer pour la connaître. La connaître pour l’aimer. L’aimer pour demander, à Dieu, quelques jours de plus pour pouvoir vivre… Vivre une idylle avec elle !

Elle, c’était Cassandra*, ma Cassie…


Nonvitcha 2016 : Ou comment se rendre à Grand-Popo depuis Panam ?

Hier soir durant le dîner, mon oncle m’a proposé de fêter Nonvitcha avec la communauté Togolaise ici à Paris. De prime abord, l’idée m’a paru géniale. Mais, par la suite, une série d’interrogations a commencé à faire travailler ma matière grise. Mais avant d’y revenir, laissez-moi vous dire ce qu’est Nonvitcha !

Nonvitcha : Frères & Sœurs, ensemble !

En dialecte mina, langue couramment parlé sur la côte ouest africaine (Bénin-Togo-Ghana), « Nonvi » signifie ‘’Frères‘’, et « Tcha », ‘’Ensemble‘’. Nonvitcha veut donc littéralement signifier ‘’Frères Unis‘’. Nonvitcha est une rencontre annuelle et culturelle des peuples Xwla et Xwéla qui vise à renforcer les liens entre les populations des régions  côtières de ces pays. Mais, au-delà de ce régionalisme côtier, c’est une fête qui s’est généralisée, de sorte que les participants viennent de tous les coins et recoins de nos pays, et surtout de la diaspora. Chez moi au Bénin par exemple, nous avons choisi depuis plusieurs décennies de célébrer cette fête le jour de pentecôte reconnu dans le christianisme comme le jour de la descente de l’esprit saint. C’est devenu une fête et ce jour là, on communie, on rit, on se pardonne les rancœurs, bref, on s’enjaille, comme le disent les ivoiriens.

Nonvitcha 2016 à Paris !

Revenons donc à nos moutons. Comment je vais fêter Nonvitcha ici à Panam ? Sans mentir, je ne sais pas trop encore. Es ce que ça sera comme chez nous au pays, débardeur sur le torse, pagne noué à la centure, et serviette ‘’de respect‘’ au cou ? Ou ce sera encore à la mode parisienne (T-shirt, Jean, et basket au pied) ! Qu’allons-nous manger ? Des mets passés au four ou de la bonne cuisine comme nos grands-mères savent le faire avec charbon de bois et tout ce qui va avec (les écolos ne seront pas contents, mais tant pis !)? Qui sait peut être même que je devrais faire le programme d’y aller avec mon ami ‘’ Mr En effet ‘’. Avec lui au moins, dépaysement ne sera pas au RDV. On va leur montrer un échantillon de comment nous les béninois nous fêtons çà. On leur montrera comment aller à Grand-popo depuis Paris. On rappelera à ceux qui l’on oublié, ce que mon grand-oncle Vickey disait dans son célèbre « Adowè« . Dans tous les cas, j’espère vivement qu’il vont apporter du bon Ablo, et du gboman déssi, ou encore de la bonne sauce blokoto, comme je l’aime tant… Sinon, moi même je prendrai le fourneau pour leur rappeler que c’est pas parce qu’ils vivent à Mbengué que le patrimoine culinaire d’où ils viennent, il doivent l’oublier, surtout que cette année, c’est la 95ème édition de notre fête.

Ce qui est sûr, que j’en sois satisfait ou remboursé, dès mon retour au pays, je prendrai ceux qui sont prêts, et direction Grand-Popo… On ira refêter notre Nonvitcha, comme on sait si bien le faire chez nous au 229.

Invitation donc à tous…

PS: Merci à Mr En effet qui ma inspiré cet article!


Un gaou à Paris, version 2.0 ! Et puis, quoi encore…

Je me rappelle de cette phrase qu’un professeur m’avait dite un jour en salle de cours : « Une fois à Paris, ne fait pas l’étranger. Prends une bonne inspiration et avance. Paris va vite ! ». Ce jour là, je ne comprenais pas vraiment le fond de sa pensée. Il a fallu que je sois confronté à la réalité pour m’en rendre compte. A mille lieux de mon petit chez douillet, la vie parisienne est loin devant. Ici, c’est comme le disent les américains : ‘’Time is money ‘’. Une semaine à Paris, il n’en faut pas plus pour se rendre compte du fossé qui sépare mes deux mondes. L’Afrique nonchalente, passive, où tout roule au ralenti. Ici, c’est comme Dieretou l’a dit : « c’est un fait de notoriété publique que les Parisiens sont toujours pressés, qu’ils courent toujours d’un coin à un autre, qu’ils ont en obsession d’arriver en retard ».

Habitué à cette socialisation qui fait qu’un africain préférera toujours la chaleur familiale à la vie solitaire du parisien lambda, j’ai appris très tôt le sens du « chacun pour soi, Dieu le pousse ». C’est comme il y a trois jours de ça, je suis sorti avec un ami camerounais. On avait décidé de faire la trilogie Bastille-Place de la république-Notre Dame de Paris. Et une fois le triangle effectué, on avait un petit creux. Même s’il est vrai que la géolocalisation marchait, pour un gaou à Paris, s’orienter, ce n’est pas la chose du monde la mieux partagée. Bref, on cherchait un petit Burger King, histoire de comparer la version française de la chose à celle égyptienne à laquelle nous étions habitués. Et, à nous de demander un renseignement à un groupe de jeunes parisiennes qui passaient ! Mais mince alors, c’était la plus grosse erreur qu’il nous ait fallu de faire sur les 100 dernières années (même si on n’était pas encore né). Si vous voyez la manière dont elles nous ont regardés puis se sont éloignés, c’était sans nul doute pour nous dire : ‘’Eh les gars-ci, retournez dans votre pays au lieu de venir faire la manche ici‘’. J’ai eu envie de leur coller une de ces g*****. Mais bon, je m’en suis retenu. Comme le dirait l’autre, on répond à l’********* par le silence.

S’il y a aussi quelque chose que les français en général et les parisiens en particulier savent faire mieux que les africains, c’est se vendre. Je me rappelle les nombreuses choses que j’entendais sur Paris depuis ma tendre enfance. Paris est ceci… La France est cela… C’est vrai que sur certains points, Mbengué et Panam sont en avance. Mais quand même, c’est les mêmes réalités de souffrance et d’inégalités sociales qu’il y a chez moi qu’on retrouve par ici.  Aussi, s’acclimater à la vie parisienne, c’est pas facile. Mais au moins, ce n’est pas comme en Egypte où tout est écrit en arabe et où le principe de l’ingérence dans les affaires d’autrui est le mot d’ordre. Ici, tout est écrit, tout est droit et tout est respecté à la virgule près. Ce n’est pas aussi comme chez nous où chacun fait ce qu’il veut sans un contrôle des autorités publiques. Quand on dit que la France est un pays libre, c’est juste pour confirmer les dires selon lesquels la liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres. En tout cas, ce que je retiens après cette première semaine parisienne, c’est qu’il faut faire attention par ici, si l’on ne veut pas se faire gaoutiser par cette ville à 200 à l’heure.


A Alexandrie, mon pizzaïolo était un Panafricaniste !

S’il y a vraiment une chose qui a retenu mon attention dans la capitale francophone de l’Égypte, Alexandrie, c’est bel et bien cela. Tous les égyptiens, sont des agents des services de renseignements. Et comme le disent les ivoiriens : « il n’y a pas son petit ». Jeunes, vieux, hommes, femmes, et surtout les enfants ! Tous s’y mettent. On ne peut circuler dans les rues de cette ville sans se faire accoster avec les fameux : « How are u ? », « what’s your name ? » et « where do you from ? ». Au début, cela m’agaçait, voire même m’irritait. Mais au final, je m’y suis habitué ; de toute façon, j’y étais obligé. Il y a deux jours de ça, vendredi dernier, alors que je rangeais mes ustensiles de cuisine pour une réutilisation l’année prochaine, j’eus un petit creux. Je me suis souvenu que je n’avais plus jamais été ‘’saluer‘’ mon vendeur de pizza, celui-là même qui m’a nourri les premiers jours de mon arrivée en terre égyptienne. Basket au pied, porte-monnaie en poche, me voilà 5 minutes après devant ‘’Pizza Roma‘’ sur la corniche.

–    Sabah el kheir, dis-je !
–    Sabah el nour, répondit-il.
–    Tamam, repris-je !
–    Alhamdoulilah. Anta Youssef*?, me demanda-t-il.
–    Alhamdoulilah.

C’était les salutations d’usages (en arabe dialectal) avec le pâtissier, qui n’était rien d’autre que le fils du propriétaire. Ici, la plupart des petits restaurants et pizzeria, sont des entreprises familiales. Après avoir pris ma commande, il me demanda de prendre siège. Je demandai des nouvelles de son père, qui visiblement n’était pas là. Il me répondit que ce dernier était en voyage sur le Caire. A peine je pris siège, quand il sorti du petit local qui lui faisait office de bureau. Lui c’était Walid, le frère du patron. Quand je passais dans le coin, et qu’il avait un bout de temps, il venait prendre de mes nouvelles. Mais, ce jour-là, ce n’était pas l’une des discussions à laquelle il m’avait habitué. Assis devant moi, il m’offrit d’abord une canette de 7up. Puis, nous commençâmes à échanger. Le sujet était trouvé : Politique.

 A Alexandrie, j’ai rencontré un panafricaniste.

Comme je le disais, donc, Walid voulait parler de politique. Alors qu’il remarqua mon étonnement, il me dit en français : « T’inquiète pas, personne ne nous comprendra. Les gens ici ne comprennent pas français ». 8 mois que je venais prendre des pizzas chez eux, environ 5 mois que je le connaissais, il n’a jamais dit deux mots en français, si ce n’est ‘’bonjour‘’. Dans un pays où parler librement de politique reste encore une réalité à prendre avec des pincettes, c’était étonnant qu’il veuille en discuter. En effet, Alexandrie est une ville très conservatrice, et ce dans toutes les situations de la vie courante. En politique, c’est d’ailleurs pire : soit tu es avec le régime soit tu ne l’est pas. Il n’y a pas de demi-mesure. Mais, vu l’expression de mon visage, il comprit que je n’étais pas vraiment pour. Alors qu’à la TV, un documentaire sur la Tripoli d’après Muammar Kadhafi (m’expliqua-t-il), était en plein présentation, il décida de plutôt orienter le débat vers la politique africaine. Après un OK de ma part, il me posa un certain nombre de questions sur comment je vois la politique américano-européenne dans nos Etats d’Afrique, leur ingérence dans nos affaires, leur influence, etc… Nous en discutâmes un bon moment. Il me dit qu’il regrette l’époque des Sankara, Lumumba, Sékou Touré et autres. Mais que ce qui était encore plus dommage, c’est que ces leaders africains, si vraiment, ils avaient pu avoir le temps nécessaire de mettre en œuvre leur vision pour l’Afrique, nous ne serions plus à ce niveau. L’Afrique serait un continent qui se suffirait à lui-même qui serait aujourd’hui considéré comme une grande puissance au même titre que l’Asie ou les Amériques, mais que ceux qui les ont succédé n’ont pas repris le flambeau comme cela se devait. Kadhafi, le dernier sur la liste de ces panafricanistes, a tout fait pour son peuple, mais de regarder comment il est mort, simplement parce qu’il voulait des « Etats-Unis d’Afrique ». Il alla jusqu’à affirmer que la Lybie est partie pour au moins 25 ans d’instabilité politique. Non pas parce qu’il était une mauvaise langue, mais quand il regarde un peu le pays sous l’ère du guide, que le peuple ne retrouvera pas cette quiétude de sitôt. Petit à petit, les échanges ont migré vers la question du développement des pays africains. Je lui disais quand même qu’eux ici en Égypte, ils ne pouvaient se plaindre vu leur niveau de développement. Il me répondit que c’est parce que je n’avais pas connu l’Égypte d’avant la révolution. Il allait encore partir dans ses  discours quand on m’avertit que ma pizza était prête. Pas content, mais obligé de me laisser partir, il me dit que je pourrai revenir quand je voudrai pour qu’on discute. Je lui promis de revenir avec un autre collègue panafricaniste, auditeur comme moi à l’Université Senghor d’Alexandrie. Avant de partir, je lui posai alors une question qui me trottait l’esprit : Comment pouvez-vous avoir un tel niveau de culture et de connaissance de l’Afrique ? Sa réponse ne me surpris guère : « J’ai 64 ans, et j’ai à peine vécu 30 ans en Égypte. J’ai été en Lybie, USA, Burkina-Faso, Guinée, Mozambique, Afrique du Sud, et dans beaucoup d’autres pays. Avant, j’étais fonctionnaire. Maintenant, je suis à la retraite, et j’ai décidé de vivre à Alexandrie, avec ma famille. Je comprends beaucoup de langues ». Comme j’ai l’habitude de le dire à mes collègues senghoriens, seuls ceux qui sont sortis de l’Égypte et vécus d’autres réalités, ont une mentalité différente de l’égyptien lambda pour qui : « Il n’y a d’autres pays au monde que l’Égypte, et l’Égypte n’est pas un pays africain ».

*Youssef: prénom musulman avec lequel l’on me surnomme ici.


Patrice Talon : le faiseur de roi devenu Roi !

D’aucun ne l’attendait à ce niveau de la course. Mais, il a pourtant déjoué tous les pronostics. Celui qui il y a quelques années encore était inconnu du grand public béninois, vient de se hisser à la Marina. Vainqueur au second tour des élections présidentielles par une large victoire (selon les résultats proclamés par la CENA), Patrice Talon a battu à plate couture, comme le dirait un ami, le « candidat de la France », son challenger Lionel Zinsou. Un nouveau coup de théâtre dans l’univers politique du Bénin et de l’Afrique.

Celui dont la souche d’acte de naissance a de la façon la plus spectaculaire possible, disparu à moins d’un an des élections présidentielles, n’a pas tremblé un seul instant au début du mois de Novembre 2015 lorsqu’il annonçait officiellement sur les antennes des chaînes de TV, vouloir se présenter aux élections présidentielles. L’homme d’affaires, ‘le cotonnier’, comme le surnomme certains de ses compatriotes, est le nouveau commandant du navire BENIN, un navire qu’il connaît un peu trop bien. Exilé durant 3 ans en France, et tour à tour accusé d’avoir voulu empoisonner puis renverser le président sortant, c’est avec force et admiration que le natif de Ouidah, a démontré au monde entier qu’il était un acteur incontournable de la politique chez lui, au 229. A 57 ans, et souvent doigté comme l’argentier de nombreux présidents, notamment de son prédécesseur le Dr Thomas B. YAYI, c’est comme dirait-on, le faiseur de roi devenu roi.

Devant lui, de nombreux défis : réformes de l’administration, lutte contre la corruption, le favoritisme et le népotisme, création d’emploi pour la jeunesse, recherche inlassable de la cohésion et de l’unité nationales ; la liste est trop longue. Mon seul souhait, c’est qu’il prenne la mesure de la tâche qui lui incombe, car les béninois attendent beaucoup de lui. Aussi, devra-t-il mettre à profit ses relations dans le monde des affaires pour une véritable relance de l’économie béninoise. Il en va de la réussite de son quinquennat.


A Gorée, j’ai coulé des larmes !

Du 28 Novembre au 6 Décembre 2015, j’ai participé, à l’instar d’une soixantaine de blogueurs francophones venus des quatre coins de la planète, à une formation dans la capitale sénégalaise. Dakar, la ville forte d’une histoire à nulle autre pareille. Dakar, la ville des buildings où la vie est très chère. Dakar enfin, la ville où les inégalités sociales sont très poignantes comme dans la plupart des capitales africaines. Mais au-delà de ces traits caractéristiques de la ‘ville rouge’, mon séjour au pays de Senghor m’a permis de visiter un lieu riche d’histoire, une contrée qui garde en mémoire, les traces de ce que moi je qualifierais ‘’du plus grand pêché de l’histoire de l’humanité‘’, la traite négrière. A Dakar, j’ai visité l’Île de Gorée.

A environs trois kilomètres de Dakar, se dresse « l’île-mémoire ». On y accède avec une chaloupe qui fait la navette plusieurs fois par jour. L’île de Gorée, désignée patrimoine mondial de l’Unesco en 1978, comme nous l’a dit notre guide Aly, a été, est et sera toujours le témoin de l’histoire de la vente des esclaves venus de tout le Sénégal (Saint-Louis, Rufisque, Dakar) et de la Gambie. Cette visite guidée de l’île à travers son histoire m’a fait remémorer un tant soit peu, mes cours d’histoire et de géographie du cours primaire et du collège. Une fois arrivée par le débarcadère, on est accueilli par cette foule immense de personnes, les Goréens (comme on les appelle), qui au fil des années, s’est habituée bon gré mal gré avec le fait de voir débarquer chaque jour des milliers de touristes, comme moi. En passant par l’Ecole William Ponty – qui a accueilli nombre d’anciens présidents africains – jusqu’à la Maison des Esclaves en passant par le dispensaire géré par l’Ordre de Malte, la cathédrale Saint-Charles Borromée, le lycée féminin d’élite Mariama Bâ et la fameuse Maison des Esclaves, nous avons eu droit à un récit palpitant, quelques fois pittoresques sur certains points. En parlant de la maison des esclaves, il convient de s’y attarder un peu.

Aly, notre guide, un sieur d’une cinquante d’années nous a fait parcourir les différentes salles de la maison. De sa voix, tant d’émotions s’en échappaient. Une trentaine de minutes durant, j’étais scotché à ses lèvres, ne voulant perdre une seule seconde de son récit, l’histoire de ses ancêtres, l’histoire de nos ancêtres, mon histoire aussi d’une certaine manière. Avec véhémence et amertume, il nous raconta les différentes étapes du parcours des esclaves depuis leur capture dans leurs plantations jusqu’à leur départ pour les Amériques et l’Europe, avec un accent particulier sur la salle des enfants, des jeunes femmes, des récalcitrants, et surtout l’embarcadère pour l’outre-mer.

Après ce récit poignant, j’ai pris une minute pour me recueillir devant ce point de départ, me rappeler – même si j’y étais pas -, de ce modèle de sacrifice de nos parents pour que nous, jeunesse africaine, nous nous souvenions à jamais de la douleur qui nous a été infligée par l’impérialisme. Et sans même m’en rendre compte, comme Jean-Paul II en 1992 et Barak Obama en 2013, à Gorée, j’ai coulé des larmes !