ôh Patrimoine Béninois : Que de crimes on commet en ton nom !

Article : ôh Patrimoine Béninois : Que de crimes on commet en ton nom !
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29 août 2017

ôh Patrimoine Béninois : Que de crimes on commet en ton nom !

Comme il est curieux que dans un pays comme le mien, l’Homme a tellement apprivoisé le feu qu’il s’en est fait un véritable ami ! Plus qu’un molosse, il est devenu l’un des accompagnements dont on ne peut se passer. Et quand je dis cela, d’aucun pourrait croire comme le disait un ami que je ne suis pas patriote. Mais des fois, à regarder la direction que prend un certain nombre de situations, c’est juste désolant. Notamment quand il s’agit du Patrimoine. Le Quid ?

Le Musée Historique d’Abomey en feu !!!

Sur le web aujourd’hui, je suis tombé sur des posts disant que le Musée Historique d’Abomey est en feu. Mais comme toujours, en matière d’information, le béninois en rajoute un peu. Il faut dire qu’en réalité, c’est le village artisanal du musée qui est passée sous les cendres. Fort heureusement pour les collections du musée en lui-même. Mais malheureusement pour ces artisans qui viennent peut-être même de perdre le peu de ressources avec lesquels ils nourrissent leurs progénitures. Mais à côté de ça, c’est aussi le musée qui perd. Car les devises générés par le paiement des redevances de locations de ces espaces font d’une certaine manière aussi vivre le musée. Mais ce qui est intéressant dans cette situation, c’est la raison évoquée : un court-circuit. Dans mon pays, c’est toujours un court-circuit qui provoque un incendie. Allez savoir pourquoi ! Mais que c’est hilarant que cela soit ainsi. Je me demande ce que font réellement les agents chargés de contrôler un certain nombre d’éléments dans nos services publics. Ils ont déjà tellement sous-traités les travaux publics que celui qui fait le travail en fin de compte, vu la misère pour laquelle il est payé, bidouille quelque chose. Dans des conditions pareilles, peut-on avoir un résultat différent ? Je me creuse encore les méninges à ce propos…

La restitution de nos trésors, on en parle ?

Depuis plusieurs années, mon pays se bat pour que la France lui restitue ses trésors. C’est louable, et je crois que si on s’y prend bien, on pourrait les récupérer. Mais comment justifier le fait que l’on veuille récupérer notre patrimoine si le peu que nous avons dans le pays est mal géré ? Problèmes de ressources humaines ? Je n’y crois pas. Nombreux sont les spécialistes formés au CRAC (Lomé) à l’Université Senghor (Alexandrie), à Cheick Anta Diop (Dakar) et autres centres de formations qui croupissent dans l’administration publique dans des services où ils ne devraient pas être utilisés alors qu’ils auraient pu être mieux exploités dans nos musées, archives, bibliothèques et autres services culturels. De nombreux autres sont récemment sortis de ces différentes écoles et pourraient accompagner, mais là encore, difficile de rencontrer des autorités. La politique de la mission est encore très en vogue dans l’administration publique béninoise. Problèmes de ressources financières ? Peut-être. Mais là encore. Lorsque j’apprends que dans le PAG de notre Président et de son équipe, 600 milliards de nos francs sont orientés vers les projets patrimoniaux, culturels et touristiques, je me dis que c’est quand même une sacrée somme. Un an après le début du mandat, c’est difficile de croire que beaucoup de choses n’ont pas changé pour notre patrimoine si ce n’est pas changer les matériels de bureaux dans les différentes administrations au niveau central. Des fois je me demande si nos autorités prennent le temps d’aller à la rencontre de leurs collègues techniciens dans les services culturels pour voir les réalités. Il est beau de rester dans des bureaux et d’élaborer des projets. Mais tant que sur le terrain, la situation n’est pas favorable, vous pourrez investir ce que vous voulez, l’éléphant blanc que vous aurez ne changera point de couleur en fin de compte. Allez dans nos musées, nos archives, nos salles de spectacles, etc… Le constat est amer. Il y a des structures qui n’ont pas de moyens, n’arrivent pas à payer leurs différents personnels, accumulent les arriérés de salaires, n’ont aucun accès à l’eau ni à l’électricité, etc… Que viendra voir les touristes dans ces conditions ?

Que dire alors… ?

Parlons de tout et de rien, mais soyons sérieux. Le patrimoine est une richesse pour laquelle nous devons nous battre. Il constitue par sa diversité et son importance une ressource immense qui doit être mise en valeur dans l’optique du développement économique, culturel et social durable. L’engagement de tous les acteurs est nécessaire pour permettre de sauvegarder et de valoriser efficacement cette richesse. Si l’Etat est incapable de travailler à réhabiliter cette situation de précarité dans laquelle se trouve notre patrimoine, il existe de nombreuses autres structures qui peuvent l’y accompagner. Le secteur privé et les associations et groupes qui travaillent dans le domaine devraient aussi être mis à contribution.

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