A Gorée, j’ai coulé des larmes !
Du 28 Novembre au 6 Décembre 2015, j’ai participé, à l’instar d’une soixantaine de blogueurs francophones venus des quatre coins de la planète, à une formation dans la capitale sénégalaise. Dakar, la ville forte d’une histoire à nulle autre pareille. Dakar, la ville des buildings où la vie est très chère. Dakar enfin, la ville où les inégalités sociales sont très poignantes comme dans la plupart des capitales africaines. Mais au-delà de ces traits caractéristiques de la ‘ville rouge’, mon séjour au pays de Senghor m’a permis de visiter un lieu riche d’histoire, une contrée qui garde en mémoire, les traces de ce que moi je qualifierais ‘’du plus grand pêché de l’histoire de l’humanité‘’, la traite négrière. A Dakar, j’ai visité l’Île de Gorée.
A environs trois kilomètres de Dakar, se dresse « l’île-mémoire ». On y accède avec une chaloupe qui fait la navette plusieurs fois par jour. L’île de Gorée, désignée patrimoine mondial de l’Unesco en 1978, comme nous l’a dit notre guide Aly, a été, est et sera toujours le témoin de l’histoire de la vente des esclaves venus de tout le Sénégal (Saint-Louis, Rufisque, Dakar) et de la Gambie. Cette visite guidée de l’île à travers son histoire m’a fait remémorer un tant soit peu, mes cours d’histoire et de géographie du cours primaire et du collège. Une fois arrivée par le débarcadère, on est accueilli par cette foule immense de personnes, les Goréens (comme on les appelle), qui au fil des années, s’est habituée bon gré mal gré avec le fait de voir débarquer chaque jour des milliers de touristes, comme moi. En passant par l’Ecole William Ponty – qui a accueilli nombre d’anciens présidents africains – jusqu’à la Maison des Esclaves en passant par le dispensaire géré par l’Ordre de Malte, la cathédrale Saint-Charles Borromée, le lycée féminin d’élite Mariama Bâ et la fameuse Maison des Esclaves, nous avons eu droit à un récit palpitant, quelques fois pittoresques sur certains points. En parlant de la maison des esclaves, il convient de s’y attarder un peu.
Aly, notre guide, un sieur d’une cinquante d’années nous a fait parcourir les différentes salles de la maison. De sa voix, tant d’émotions s’en échappaient. Une trentaine de minutes durant, j’étais scotché à ses lèvres, ne voulant perdre une seule seconde de son récit, l’histoire de ses ancêtres, l’histoire de nos ancêtres, mon histoire aussi d’une certaine manière. Avec véhémence et amertume, il nous raconta les différentes étapes du parcours des esclaves depuis leur capture dans leurs plantations jusqu’à leur départ pour les Amériques et l’Europe, avec un accent particulier sur la salle des enfants, des jeunes femmes, des récalcitrants, et surtout l’embarcadère pour l’outre-mer.
Après ce récit poignant, j’ai pris une minute pour me recueillir devant ce point de départ, me rappeler – même si j’y étais pas -, de ce modèle de sacrifice de nos parents pour que nous, jeunesse africaine, nous nous souvenions à jamais de la douleur qui nous a été infligée par l’impérialisme. Et sans même m’en rendre compte, comme Jean-Paul II en 1992 et Barak Obama en 2013, à Gorée, j’ai coulé des larmes !
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